Ericsson a payé l'Etat islamique en Irak !

8:01 - February 18, 2022
Code de l'info: 3479809
Téhéran(IQNA)-Le géant suédois des équipements de téléphonie mobile a révélé les conclusions d'une enquête interne sur des dépenses suspectes sur la période 2011-2019. L'action Ericsson perdait quelque 11 % en Bourse mercredi matin.

La révélation est embarrassante. Ericsson pourrait avoir financé le groupe terroriste Etat islamique. C'est le groupe lui-même qui l'a reconnu mardi soir, en dévoilant les conclusions d'une enquête interne lancée en 2019 après que des dépenses suspectes avaient été identifiées en Irak.

Ce travail a mis au jour « des paiements effectués à des intermédiaires et l'utilisation d'axes de transport alternatifs pour contourner les douanes irakiennes, à une époque où des organisations terroristes, y compris l'Etat islamique en Irak et au Levant, contrôlaient certains axes de transport », explique Ericsson. Toutefois, les enquêteurs n'ont pas pu déterminer les destinataires finaux de ces paiements et aucun employé d'Ericsson n'a été identifié comme ayant directement participé au financement d'organisations terroristes.

Plus largement, la situation décrite est catastrophique pour la réputation du groupe suédois. En se penchant sur les agissements de ses salariés, clients et fournisseurs en Irak entre 2011 et 2019, de multiples preuves de corruption ont été accumulées. Ainsi que des violations des règles du contrôle financier interne, des conflits d'intérêts, des irrégularités fiscales ou encore des obstructions à l'enquête.

Des précédents fâcheux
Les marchés ont immédiatement réagi aux annonces. Ce mercredi matin, le cours de Bourse du géant des télécoms plongeait de 11 %, effaçant en quelques heures plus de 3 milliards d'euros de capitalisation. Il faut dire que l'affaire rappelle de très mauvais souvenirs. En 2019, Ericsson avait dû régler plus de 1 milliard de dollars d'amende aux Etats-Unis pour solder des enquêtes pour corruption.

Les faits reprochés au suédois, notamment le versement de pots-de-vin pour décrocher des contrats entre 2010 et 2016, couvraient six pays - la Chine, le Vietnam, Djibouti, l'Indonésie, l'Arabie saoudite et le Koweït. L'Irak ne figurait pas sur la liste. Mais Ericsson a révélé en octobre 2021 que le département de la Justice américain l'avait averti d'une violation de ses obligations dans le cadre de leur accord de suspension des poursuites pour n'avoir pas communiqué certains documents et informations.
« Un triste chapitre dans notre fière histoire »

L'affaire est un rude coup pour Börje Ekholm, le patron d'Ericsson depuis 2017. « C'est un triste chapitre dans notre fière histoire », avait-il reconnu en 2019 quand le groupe avait payé son amende. « J'ai été très en colère, personnellement, de trouver l'entreprise dans cette position. Je peux vous promettre que l'équipe de direction, moi compris, fait tout pour s'assurer que cela ne puisse jamais se reproduire. »
Alors que l'équipementier suédois a profité de la percée mondiale de la 5G et des déboires de son concurrent chinois Huawei - étrillé par les sanctions américaines - pour gagner des parts de marché et afficher des bénéfices record, ce retour des casseroles vient gâcher la fête.
lesechos

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