Armes à feu: la demande des survivants de la tuerie de la mosquée québecoise rejetée

9:34 - January 22, 2019
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Le premier ministre François Legault a rejeté lundi la demande des proches des victimes de la tuerie à la mosquée de Québec visant à hausser les vérifications des antécédents des propriétaires d’armes à feu.
« Pour l’instant, il n’y a rien de prévu de plus que ce qui existe actuellement », a déclaré le premier ministre depuis la France, où il est en mission économique. « On a déjà une loi qui est adoptée pour enregistrer les armes d’épaule. Il y a une date limite qui arrive bientôt. On a l’intention de faire respecter cette loi. »
 
Lundi, des représentants de la mosquée ont transmis aux médias une lettre adressée au premier ministre lui enjoignant de resserrer les contrôles des propriétaires d’armes à feu au Québec.
 
« Comme vous le savez sans doute, le tueur du 29 janvier avait des antécédents liés à des troubles mentaux, mais la Sûreté du Québec n’avait pas effectué de vérifications quant à ceux-ci et les proches d’Alexandre Bissonnette ne les avaient pas signalés aux autorités », écrit dans une lettre au premier ministre le fondateur du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah, au nom des familles des victimes et des survivants de la tragédie.
 
En fait, comme le révélait Le Devoir en avril dernier, il est très facile pour un demandeur de permis d’arme de dissimuler ses problèmes psychologiques s’il en a.
 
Aucune vérification
 
Au Canada, une personne désireuse de posséder une arme à feu doit détenir un permis de possession et d’acquisition, délivré par le Programme canadien des armes à feu (PCAF), une entité relevant de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Dans le formulaire, le demandeur doit indiquer si, au cours des cinq dernières années, il a déjà « tenté ou menacé de se suicider » ou si, après avoir consulté un médecin, il a fait l’objet d’un diagnostic ou subi un traitement pour une dépression, des problèmes comportementaux ou émotifs ou pour des problèmes d’abus de substances.
 
Si la personne coche « non », aucune vérification n’est faite par les corps policiers pour s’assurer que c’est vrai. C’est ainsi qu’Alexandre Bissonnette avait pu obtenir son permis d’armes en 2014 malgré la détresse psychologique qu’il vivait. Il avait consulté à trois reprises dans les deux années précédant cette demande pour des attaques de panique, des troubles anxieux, des idées suicidaires et des symptômes dépressifs.
 
21 % des armes enregistrées
 
Le nouveau registre doit entrer en vigueur le 29 janvier prochain, soit deux ans jour pour jour après l’attentat qui a fait six morts à la mosquée de Québec. À neuf jours de l’échéance, le ministère de la Sécurité publique estime que seulement 21 % des armes seulement ont été immatriculées au Service d’immatriculation des armes à feu du Québec (342 359 sur les 1,6 million d’armes à feu sans restriction enregistrées au Registre canadien des armes à feu avant son abolition).
 
Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) fait face à des pressions aux antipodes dans ce dossier. D’une part, certains de ses partisans espéraient qu’une fois élue, la CAQ rejetterait le registre créé par Les Libéraux. Lors de l’adoption au Parlement de la Loi sur l’immatriculation des armes à feu en 2016, 8 des 20 députés caquistes avaient d’ailleurs voté contre.
 
À l’autre bout du spectre, le groupe « Poly je me souviens » signale que pendant la campagne électorale, la CAQ s’était montrée ouverte à resserrer les contrôles. « La Coalition avenir Québec est ouverte à étudier toutes les mesures en vue d’améliorer la sécurité entourant le processus d’octroi de permis par la Sûreté du Québec. Tout en respectant les compétences fédérales, on doit s’assurer de mieux encadrer la recherche des antécédents pour éviter des tragédies », avait écrit le parti en réponse aux questions de ce groupe selon un document transmis au Devoir.
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